Lettre du soleil

Bonjour à toi, bel animal!

Je suis le Soleil. Jadis, tu m'appelais Hélios ou Phoébus. Aujourd'hui, « Soleil », ça me va très bien.

Je suis né bien avant toi, petit être, et je travaille très dur et sans relâche depuis le jour de ma naissance. Je me lève tôt, souvent je te réveille, mais parfois tu es debout avant moi — et je n'aime pas ça. Mon plaisir du matin est de venir te réveiller par la chaleur de mes rayons. Je sens alors l'harmonie parfaite qui existe entre toi et moi.

J'éprouve une certaine nostalgie du temps où j'étais ta seule source de lumière. Ta terre-mère, Gaïa, n'était alors pas malade. Mais passons.

Je continue mon chemin, j'ai encore beaucoup de routes à faire. Je monte, je monte, encore et encore. C'est difficile, tu sais ! Souvent, le vent — ce fantôme invisible que l'on peut seulement ressentir — joue avec moi. Cela m'amuse. Je me retrouve à faire du cache-cache entre les nuages, et je vois que souvent, ça t'agace. Mais détends-toi, petit : avec ou sans nuages, je ne suis jamais loin et je finis toujours par réapparaître.

Je te donne toute ma chaleur, tout mon rayonnement. C'est ma manière bien personnelle de te dire « je t'aime ». Je t'ai vu naître, je t'ai vu grandir, t'épanouir, inventer.

Je ne veux parler avec toi que des belles choses, parce que je suis le Soleil, chaud et lumineux. Laisse de côté tes inquiétudes et tes actions douteuses.

Et voilà qu'arrive le milieu de la journée. Maintenant que je suis au sommet de ma course, il me faut redescendre. Mais attention : je dois user de toute mon énergie pour ne pas tomber. Je suis très gros, tu sais ! Bien plus que toi, petit animal. La tâche est ardue.

Et doucement arrive le moment du coucher. Je crois que c'est le moment que je préfère. C'est l'instant où toi et moi, nous nous disons bonne nuit. J'adore cet instant où tu me regardes me coucher. Parfois tu es seul, parfois tu es avec ta femme et tes enfants — et j'en scintille de bonheur.

Ne me prends pas pour un être narcissique, ce n'est pas ça. J'aime partager cet instant de poésie avec toi. Ne sens-tu pas ce qu'il s'y passe ? Quelques secondes d'éternité.

Bonne nuit, petit être.

Bonne nuit, bel animal.

Je m'en vais, moi aussi, me reposer.

À demain.