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Navigation sensationnelle

  • Photo du rédacteur: Fanny Melot
    Fanny Melot
  • 12 oct.
  • 3 min de lecture


Voulez-vous du sensationnel ? De l’embrun, du bateau qui gîte, de la pluie et des harnais pour s’attacher ? Oui ? Eh bien c’est parti!

Embarquez pour la navigation entre Tinos et Ikaria.


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On savait qu’il allait pleuvoir, et on savait qu’il y aurait du vent… mais pas autant.

Alors on y va.

Bon temps breton : nuageux, petite pluie. On hisse les voiles, vent de travers, on avance bien. La mer est un peu pénible, la houle désordonnée, mais on s’y fait. Pilote automatique enclenché, tout va bien. Vas-y Andy!



Et bim ! Sans prévenir, le bateau nous fait un 180 degrés.

Le pilote automatique vient de lâcher : une soudure a cédé.

Et le vent monte. On a maintenant 20 nœuds bien établis.


cassé!
cassé!

Je prends la barre, Christophe file vérifier les fonds du bateau.

Et là… surprise : plein d’eau de mer !

Allez moussaillon, on écope — et vite !

On ne trouve pas l’origine. Ça ne vient pas du pilote, et l’eau ne semble plus revenir. Nos soupçons se portent sur le dessalinisateur, mais pour l’heure, ce n’est pas l’urgence.


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Le paysage devient de plus en plus hostile. Il faut réduire la voilure.

Pas le temps de se concerter : on allume le moteur, Christophe se met face au vent, et j’essaie d’enrouler la voile d’avant.

Mais avec mes petits bras et les rafales, c’est mission quasi impossible.

Et voilà que les écoutes se mettent à fouetter le bateau dans tous les sens et sautent par-dessus bord !


Vite ! Il faut les récupérer avant qu’elles ne se coincent dans l’hélice, sinon c’est la catastrophe.

Je reprends la barre, Christophe gère les écoutes.

À deux, on finit d’enrouler le génois tant bien que mal, à quatre mains.

Ça, c’est fait.


Au tour de la grand-voile maintenant.

Christophe veut réduire, moi je veux affaler complètement.

Le vent monte encore, pas le temps pour un débat. On affale.

Et heureusement : 30 nœuds maintenant à l’anémomètre.

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À ce moment-là, on est trempés par les embruns et la pluie. On enfile nos cirés et on met les harnais.

Les voiles sont affalées, on souffle un peu, on réfléchit.

Décision : installer la trinquette, notre petite voile d’avant, en gardant un peu de moteur.

Il ne faut surtout pas mollir dans ce coin-là — on le sent.

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Nous voici à la pointe d’Ikaria.

L’île est toute en longueur, hérissée de montagnes qui culminent à mille mètres.Vous voyez où je veux en venir ? Non ?


Eh bien, en plus du vent déjà costaud à 30 nœuds, s’est ajouté un vent catabatique de folie.

Vous vous souvenez ? Celui dont je vous ai parlé dans Le vent catastrophique.

Résultat : 42 nœuds de vent, les amis ! Quarante-deux !


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C’est énorme! Vous auriez vu la mer : les vagues n’étaient pas hautes, mais tout était blanc. Les rafales poussaient Andy sur le côté.

Mais le pire, croyez-moi, ce n’était pas ça… c’était mon brushing ! Une vraie catastrophe.

Faut pas mollir, faut pas mollir. Vite, cap sur le port ! Urgence capillaire à bord!


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Port en vue — sauvés ! Enfin… c’est ce que j’ai cru.

Le vent rugit encore. Le port est minuscule, et surtout plein de voiliers.

Le capitaine du port nous montre une place. Christophe et moi nous regardons : jamais de la vie on ne rentrera là-dedans.

Nos têtes ont dû parler pour nous, car il nous en montre une autre.


Imaginez la scène : il pleut, le vent siffle, on tente de communiquer à grands gestes. Je comprends à moitié le capitaine, mais on finit par saisir : il faut jeter l’ancre et venir cul à quai sur la seconde place.


Pas le temps de tergiverser. Christophe engage le demi-tour et me crie :

— « Lâche l’ancre!»

Go !Je déroule. Je stoppe à 20 mètres, pensant bien faire.

Mais Andy s’arrête net dans sa marche arrière. Et là, rafale en travers : il se met à la perpendiculaire de sa place, juste devant tous les voiliers.


Je me dis : C’est la fin. Strike monumental en vue. Tous les équipages sont sur leur bateau, pare-battages à la main, prêts à amortir. Quel enfer!

Mais là… coup de génie.Christophe! Incroyable, spectaculaire! Je ne sais pas comment il a fait, mais il a redressé le bateau sans toucher personne.

Il s’est remis dans l’axe, je n'en revenais pas.

— « Laisse filer ! » me crie-t-il.

Je débloque la chaîne, Andy recule doucement, poursuit sa marche arrière et se glisse comme un mouchoir de poche entre deux voiliers, sans une seule éclaboussure.


Je le savais déjà avant de l’épouser, pourtant…Mais cet homme est vraiment exceptionnel (c'est beau l'amour hein?).


Allé restez bien accroché! L'aventure continue! Des bises

1 commentaire


valbo69
12 oct.

Marin, Marinette et Andy 🫡

Franchement… je suis restée suspendue à chaque ligne ! J’ai lu votre récit comme on suit un film d’action, sauf qu’ici, tout est vrai 😳.

On sent le vent, la houle, la tension, et ce mélange de sang-froid, d’instinct et d’humour qui vous sauve la mise. Vous avez cette façon rare de raconter les galères : tout est vivant, drôle et plein d’énergie.

Et les photos qui accompagnent votre récit renforcent encore cette immersion, on s’y croirait presque, à sentir l’urgence.

Et cette manœuvre d’anthologie à l’arrivée… respect total à Christophe 👏 ! Rien qu’à vous lire, j’avais le cœur qui battait 😱

Je l’avoue sans détour : je serais incapable de vivre ça. La…

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